Visite exceptionnelle au C.T.M

C’est une opportunité rare qui a été offerte aux membres de F6KOP et aux membres de l’ADRASEC 77 que de visiter le Centre de Transmissions de la Marine (CTM) de Saint-Assise (77).

Mais Sainte Assise… c’est quoi ?
Au début, c’est un prieuré du 12° siècle qui devient un château au 18°s.
La première pierre du centre de transmissions est posée le 9 janvier 1921, il y a plus de 100 ans. Ce site doit alors garantir à la France son autonomie de transmission de l’information avec les US et face aux anglais qui bénéficiaient de la liaison transatlantique établie avec un câble sous-marin entre les US et l’Angleterre dés 1866.

Les premières transmissions commenceront en 1922. C’est alors que le château et son site, sont vendus à la « Compagnie Radio France » filiale de la société « Compagnie générale de télégraphie Sans Fil » (CSF) qui deviendra « Compagnie Française Thomson-Houston » (CFTH), filiale de « Thomson-Brandt » pour donner « Thomson-CSF », qui prend en 2000 le nom de Thales.

L’émetteur en VLF construit sur cette emprise est alors le plus puissant du monde et fonctionne au moyen d’antennes de type Alexendersen, installées sur des pylônes de 250m dont seulement 10 existent encore sur les 16 d’origines. Parmi ces 10 pylônes, 4 sont encore de construction Eiffel et d’origine ! Le site bénéficie d’un sous-sol très humide en permanence, ce qui est bénéfique à la VLF. Outre une station intercontinentale en VLF, une station dite « continentale » existait aussi en LF.

Durant la seconde guerre, ce centre deviendra un organe névralgique des transmissions du 3°Reich vers ses sous-marins Ubots. Mais le site sera épargné des bombardements alliés, car l’algorithme ENIGMA étant cassé, il devient vital de connaître les intentions de l’ennemi.

Jusque dans les années 80, le centre radio électrique, doté d’une très grande quantité d’antennes Zeppelin ou Log-périodiques (aujourd’hui toutes démontées), aura comme fonction principale d’assurer les communications avec les différentes colonies françaises. Ce centre atteindra son apogée après la guerre d’Algérie, au rapatriement d’émetteurs alors exploités à Mers el Kebir.

C’est une station VLF en maintenance que nous avons eu la chance de visiter. Le centre actuel possède une superficie de 168 hectares. Cela représente 400 terrains de foot !

Il est difficile d’imaginer, alors que nous pouvons établir une communication à des milliers de kilomètre avec une station radio qui peut tenir dans un bagage cabine, antenne filaire comprise, que nous étions devant et dans des émetteurs d’une telle dimension.

Lors de notre visite, nous avons pu nous déplacer dans l’émetteur entre les transistors du PA délivrant au total plusieurs centaines de kilowatt. Tous refroidis en permanence avec de l’eau.

Nous avons tous été surpris par la taille des feeders entre les étages PA, le filtre de bande et la boite d’accord. En 1919, la première communication portable en HF sur 200 yards (180m) utilisait des tuyaux de poêle comme antenne. Ici les feeders ont la même forme.

Le filtre de bande est pourvu de capa fixe de la taille d’un plat à tarte pour 8 personnes. Les bobines sphériques à double enroulement sont grosses comme un ballon de Pilâtes. Les liaisons entre les étages de la boite d’accord en tube de cuivre de 40mm sont ajustées au millimètre près, à faire rougir un plombier polonais.
Le dernier étage, au pied de l’antenne est constitué d’une self accordable de plusieurs mètres de diamètre et de hauteur, le tout dans un bâtiment immense.
Je vous laisse imaginer la taille des groupes électrogènes capables d’alimenter tout cela en secours !

Tout ceci a été plus qu’impressionnant, quand on se dit qu’un lilliputien ne pourrait même pas tenir debout dans le PA du dernier poste HF sorti de chez ICOM ou YAESU.

En assemblant tous les Algeco de KOP, vous pouvez commencer à imaginer ce que nous avons visité.

Nos hôtes que nous ne remercierons pas assez de cette belle découverte, nous ont confirmé et démenti quelques légendes urbaines telles que :
– Oui, durant un hiver des années 70, une tête de pylônes est tombée, entrainant dans sa chute 3 autres pylônes.
– Oui, il y a bien longtemps 2 avions se sont abimés dans les haubans des pylônes, Aujourd’hui, il y a des flashes visibles de si loin qu’ils servent aussi de repère.
– Non, les pylônes, contrairement à l’antenne parabolique des méchants dans 007 Golden Eye, ne se rétractent pas pour se cacher sous terre.

Encore merci pour cette visite à la météo digne d’un marin.

( crédit photo lafibreinfo, F3GZ et F6KOP)