Bonsoir les KOPains
Aujourd’hui sur Facebook, j’ai lu un article écrit par notre KOPain F4FLH Dimitri.
J’ai apprécié sa chronique et je vous propose de la lire.
Bonne lecture a tous et Merci a Dimitri pour ce moment de réflexion!
Chronique d’un OM en réflexion
“On grimpe, oui… mais on pourrait décoller”
C’est un peu comme regarder une antenne Yagi bien orientée mais montée à 3 mètres du sol.
Elle capte. Elle rayonne. Mais on sent qu’elle pourrait faire tellement mieux.
C’est ce que je ressens en ce moment quand je regarde l’évolution du radioamateurisme en France.
Oui, on est en train de vivre un tournant.
Oui, les chiffres sont en hausse.
Mais est-ce qu’on est vraiment en train de profiter de tout notre potentiel ?
D’abord, regardons les faits
Depuis 2018, la France est repartie à la hausse :
👉 En 5 ans, +1 950 nouveaux radioamateurs.
On est passés de 13 126 à environ 15 076 licenciés aujourd’hui.
Côté radioclubs, même tendance :
👉 En 2015, on en comptait environ 336
👉 En 2022, on en recensait 427 (source ANFR)
C’est encourageant. Rassurant, même.
Mais… quand on élargit un peu le viseur à nos voisins, on relativise vite.
🌍 Petite comparaison entre voisins européens
Pays 🇪🇺 Radioamateurs estimés Population 2023 Ratio : 1 RA pour X habitants
🇩🇪 Allemagne ~62 000 ~83,2 millions 1 pour 1 342
🇫🇷 France ~15 076 ~68 millions 1 pour 4 513
🇪🇸 Espagne ~8 000 ~48,5 millions 1 pour 6 063
L’ Allemagne fait clairement la course en tête.
Non seulement en nombre absolu, mais surtout en densité d’OM.
En clair : ils sont 4 fois plus nombreux par habitant qu’en France.
Et pourtant, la France a les atouts :
- Un territoire vaste, varié, ouvert aux activités radio
- Une culture technique bien ancrée
- Une réforme récente qui simplifie drastiquement l’accès au certificat
Alors… qu’est-ce qu’on attend pour décoller vraiment ?
Ce qu’on a déjà fait : la réforme
Je l’ai déjà dit dans une autre chronique, mais ça vaut le coup de le redire :
la réforme de 2021 a changé la donne.
- Examen 100 % QCM informatisé
- Notation bienveillante (1 point par bonne réponse)
- Suppression des pénalités, et conservation partielle des notes pendant 1 an
- Licence gratuite à vie
- Temps triplé pour les candidats en situation de handicap
📌 Résultat : un taux de réussite qui dépasse désormais 85 %
Mais à force de parler de “facilitation”, on oublie que le vrai défi commence après.
Ce qu’on n’a pas encore fait : créer des vocations durables
Ce que je vois aujourd’hui, c’est qu’on attire davantage. Mais qu’on accompagne encore trop peu.
Beaucoup de nouveaux OM sortent du certificat sans savoir où aller, à qui parler, quoi faire.
Et certains abandonnent avant même leur premier QSO.
On ne devient pas radioamateur parce qu’on a eu 10/20 à un QCM.
On le devient parce qu’on monte sa première antenne.
Parce qu’on écoute un club parler passionnément d’un projet.
Parce qu’on comprend ce qu’est une bande, un mode, une communauté.
Et ça, ce sont les radioclubs qui peuvent le transmettre.
Inspiration : le modèle des VEs américains
Aux États-Unis, le système repose sur les Volunteer Examiners (VEs).
Des radioamateurs accrédités, formés, qui font passer les examens dans des clubs, des universités, des bibliothèques.
Mais surtout : ils sont des relais humains. Des guides. Des points d’ancrage.
Pourquoi ne pas imaginer un équivalent ici ?
Des OM mentors, formés à l’accompagnement, capables de proposer aux nouveaux certifiés :
- une première activation encadrée
- un atelier d’initiation
- une visite de relais ou de site portable
- un carnet de projet personnalisé
Parce que c’est ça, la vraie formation : celle qui continue après l’examen.
Et si on lançait un programme “post-certif” national ?
Plutôt qu’un simple parcours de consolidation, je rêve d’un programme de découverte.
Pas une usine à gaz. Pas une plateforme figée.
Mais quelque chose de simple, vivant, local :
- Module 1 : “C’est quoi être radioamateur en 2025 ?”
Décodeurs pratiques, histoires vraies, exemples inspirants.
- Module 2 : “Explore ta bande”
Découverte des fréquences, des modes, des usages réels.
- Module 3 : “Ton premier projet”
Antenne, activation portable, décodage météo, relais LoRa, satellite, peu importe — mais du concret, encadré, et gratifiant.
Et bien sûr, avec un parrainage par un OM local, ou un club référent.
Un dernier point : le délai de 2 mois
Pourquoi un candidat qui rate une épreuve doit-il attendre 2 mois entiers avant de repasser ?
Je ne dis pas qu’il faut tout libéraliser, mais soyons logiques :
- Si l’ANFR a des créneaux dispos,
- Si le candidat est prêt,
- Et si on veut vraiment fluidifier le passage au certificat…
Alors il faut lever ce frein inutile.
Et en parallèle, renforcer l’ANFR, en partenariat avec les clubs, pour multiplier les sessions sur tout le territoire.
En conclusion
Oui, on grimpe.
Oui, on fait mieux.
Mais si on veut vraiment faire décoller le radioamateurisme en France, il faut aller plus loin :
- Valoriser les radioclubs comme cœur de la transmission
- Accompagner les nouveaux OM après le certificat
- Créer du lien, des projets, de l’émulation
- Et surtout… donner envie de rester.
Parce que c’est là que tout commence.
Pas dans les QCM.
Dans les antennes qu’on monte ensemble.
— Dimitri F4FLH 🎙️